Expo choc pour quartier chic

Publié le par M la Miette

Le bout du monde. La fin du Boulevard Haussmann. Ses immeubles de bureaux enchanteurs. Ses trottoirs engageants, rendus plus larges la nuit venue après qu'ils se soient vidés de leur cortège diurne de travailleurs encostumés. On s'y voit déjà hein ?

Et bien, sus aux idées reçues parce qu'au 138, boulevard de la Mort Haussmann, un ilot sympathique et ami s'est enraciné il y a moult années. Une galerie dirigée par Frédéric Roulette et Guillaume Sarrazin pour défendre le travail d'artistes fichtrement singuliers (d'où le nom du lieu...). Et il se démène vaillamment bien ce duo, luttant avec foi et courage pour montrer ces artistes dont la violence de propos et de facture freine souvent les visiteurs. Des artistes en « décalage décisif » comme ils aiment à le rappeler. Des artistes qu'on aime beaucoup nous aussi depuis le raz-de-marée émotionnel suscité par la rencontre avec les œuvres de la Mexicaine Estela Torres (qui consigne et expose son quotidien de femme, de mère et d'artiste sous forme de journal intime. Une œuvre écorchée dans laquelle s'associent peinture, dessin, écriture et parfois sang et marqueur). On avait bien aimé aussi l'expo Freak Wave, l'an dernier, consacrée à la naissance de la revue d'images du même nom, qui mêlait en un joyeux foutoir les styles et les générations, et se proclamait « en marge de l'art officiel engendré par l'école des Beaux-Arts ».  

L'expo qui vient de s'ouvrir met en lumière les toiles furieuses de deux artistes mus par la souffrance humaine. L'un est espagnol, l'autre polonaise. Tous deux ont en commun un regard particulier sur l'enveloppe corporelle, vue comme un linceul recouvrant et trahissant à la fois les épreuves de l'âme humaine. Alvaro Diaz Palacios (voir photo) accroche les visages - souvent des autoportraits - et les corps de sa série « Elephant », représentations monstrueuses et torturées provoquées par des films transparents comprimant méchamment la peau de ses sujets. Au sous-sol, Agata Siecinska partage un autoportrait emmêlé dans un amas de tissus sanguinolents, et deux toiles renvoyant au martyr de Sohane, la jeune fille brûlée vive il y a quelques années. La jeune femme, à la peau cireuse et aux yeux clos, y apparaît drapée d'un suaire de détritus... Peu d'œuvres dans ce face-à-face impressionnant, mais de généreux formats ajoutant au séisme déjà dévastateur de la découverte de ces travaux.

Tlj sf sam. et dim. de 10h30 à 14h30, jusqu'au 16-3, Galerie les Singuliers, 138, boulevard Haussmann, Paris 8e.

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M
Merci pour vos encouragements :-)<br /> Il s'agit en effet de peintures. Concernant la galerie, il existe bien un site, mais pas du tout à jour... (http://les-singuliers.com). Quant aux artistes, pas de sites dédiés... Un peu décevant, je vous l'accorde.
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S
Bonjour, les images de Alvaro Diaz Palacios sont des peintures ?<br /> Auriez vous un lien pour la galerie ou les artistes, histoire d'en voir plus ?<br /> <br /> Merci, bon courage pour votre blog.
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